Service après vente |
Mercredi 7 février 2001
Il y a quelques mois, je déplorais la désintégration progressive mais assurée de mon appartement. Depuis, la force destructrice n'a pas terminé son travail morbide et continue de faire souffler son vent exterminateur. Tous les appareils, un à un, sont frappés. J'en suis venue à croire qu'une malédiction pèse sur cette maison et sur moi-même. C'est un très vieil immeuble qui date de la fin du Moyen-Age : les murs sont en pierre agrémentés de colombages de bois noirs. Très typique, me direz-vous. D'ailleurs, soyons honnêtes, c'est parce qu'il avait du caractère et une longue histoire que j'ai craqué pour cet appartement, l'année dernière : la vue magnifique sur la cathédrale, le charme des poutres et l'originalité de la grande mezzanine située sous les toits... jamais je n'aurais cru que j'aurais pu habiter dans un tel lieu. J'aime toujours ma cathédrale - m'endormir et me réveiller à sa lumière -, j'aime toujours ces colombages - toucher le bois a quelque chose de rassurant. Mais... mais pourquoi rien ne semble fonctionner depuis que je suis ici ? Cette semaine, la série des catastrophes ménagères a recommencé. Il y a eu d'abord le four. Un petit four qui me suit depuis mon premier appartement à Paris. Je ne m'en suis jamais beaucoup servie (la cuisine et moi ne faisons pas bon ménage), mais il était pratique pour faire de bons (?) gâteaux. L'autre jour, lassée de ne manger que des escalopes de poulet (qui n'ont pas vraiment le goût du bon poulet), je me suis dit que j'allais faire des cuisses de poulet au four. J'ai tout préparé (exploit pour moi), et j'ai enfourné la bête, puis tourné le thermostat. J'ai attendu une demi-heure, une heure, une heure et demie... rien, l'oiseau était toujours aussi blanc. L'appareil ne devait pas chauffer à plus de 20°. Pas terrible pour cuire de la viande. Donc exit le four (et exit le poulet, par la même occasion). Deux jours plus tard, j'ai fait développer les photos de mes dernières vacances. Comme j'étais pressée de voir mes photos et qu'il restait une bonne dizaine de poses sur la pellicule, j'avais bombardé mon chat (seul public idéal qui ne bronche pas quand je le mitraille avec un appareil photo). J'avais donc une dizaine de photos d'Hannah à vous montrer. Mais quand j'ai voulu les scanner, rien n'y a fait : l'appareil a refusé de se mettre en marche. Exit le scanner (et exit aussi les très ennuyeuses photos de matou, vous avez de la chance). Enfin, ce matin, Hannah, pour manifester son mécontentement devant la saleté récurrente de mon salon, a décidé, comme sa litière était trop impure, de déposer délicatement ses petites crottes sous mon canapé. Je me suis dit que si mon chat jugeait mon habitat inhabitable, il fallait urgemment que je me mette à le nettoyer de fond en comble. J'ai saisi l'armure complète : chiffons, brosses, éponges, eau de javel... puis, coup décisif, aspirateur. Mais, alors que l'appartement était à moitié dépoussiéré, l'aspirateur tout d'un coup s'est tu. Silence radio absolu. J'ai démonté l'engin comme je l'ai pu. Mais rien. Donc exit l'aspirateur (et vive la poussière). Je me demande qui sera la prochaine victime. Comment expliquer que tout se casse chez moi ? Je vis dans une maison maudite qui aurait appartenu à des sorciers (je possède encore le chat noir) ? Ou bien c'est ma vie qui s'en va en lambeau, et ma maison avec parce qu'elle est solidaire ? Mon esprit rationnel refusait de croire au mauvais sort. Mais, depuis quelque temps, j'ai comme des doutes...
_______________________________________________ Ce que je lis en ce moment : La Mort d'Ivan Ilitch - Léon Tolstoï. La Nausée - J.P. Sartre (relecture) Ce que j'écoute : une radio locale pour jeunes Nombre de résolutions tenues : aucune (mais je médite la 3ème avec sérieux) Bruit débile du jour : moi en train de donner des croquettes à Hannah (version originale réalisée sans trucage)... âmes sensibles à la bêtise, s'abstenir de cliquer... |