Vendredi 6 juillet 2007

 

Pas le temps d'avoir le temps

Le temps passe vite. Je me demande pourquoi les journées s'acharnent à n'avoir seulement que 24 heures et je me désole de voir mon corps revendiquer au bas mot une bonne huitaine d'heures de sommeil par nuit (que de temps perdu à dormir !). Je ne cesse d'écrire dans ma tête, partout, tout le temps : sur le chemin du travail, le soir dans mon lit lorsque le sommeil ne vient pas tout de suite ou le matin lorsqu'il part avant que le jour se soit bien installé de l'autre côté des volets. J'écris dans l'invisible de mon esprit. Mais j'oublie, je perds, j'évapore. Les mots n'ont pas le temps de venir se poser sur l'écran et de prendre forme dans des phrases. Le temps passe... et les idées aussi. Je passe à autre chose, avant même d'avoir eu l'occasion de saisir l'idée au vol afin de pouvoir la photographier dans une page immuable. Tant pis. Peut-être que ces pages invisibles seront écrites un jour, qui sait ?

Je n'ai pas le temps, parce que, malgré l'été qui, paraît-il, est déjà là, mes journées au travail sont plutôt bien remplies. C'est l'époque des réunions : des projets qui se montent, des équipes qui se forment. Et des journées enfermés dans une pièce sans fenêtre avec pour seule distraction sur le coup de midi un plateau-repas d'un grand traiteur parisien. On parle concept, sommaire, maquette. On prend des notes, on parle et on s'écoute parler – enfin, pas toujours. Un auteur donne une idée fabuleuse, un autre dit absolument le contraire, et l'éditeur, dix minutes plus tard, en vient à contredire tout ce qui a été dit jusque là et à dire "et si on faisait autrement ?" Les réunions ressemblent à des remue-méninges géants : on remue les projets dans tous les sens, en secouant bien fort pour voir si ça ne sonne pas creux. Quelqu'un avance une idée, quelqu'un d'autre la réfute, puis un autre encore la reprend ou l'abandonne. Toute cette animation est très stimulante pour l'esprit, mais aussi infiniment épuisante. Hélas, ma responsable a remarqué que j'étais particulièrement habile pour rédiger les comptes rendus de réunion, alors me voilà malgré moi préposée au secrétariat. Parfois, dans le brouhaha le plus complet, quelqu'un dit : "il y aura un compte rendu ? ah, c'est pas la peine que je note alors !" Je sourcille : comment pourrais-je rêvasser en réunion si je dois être attentive pour ceux qui ne se soucient pas de l'être ? Je jette un coup d'oeil à ma collègue à l'autre bout de la table. Elle me répond en m'accompagnant d'un regard plein de compassion et regarde discrètement sa montre pour savoir combien d'heures il lui reste avant de pouvoir prendre l'espérée pause-cigarette.

Je n'ai pas le temps, parce que, malgré mon travail qui m'occupe déjà bien, je me suis engagée dans des études que j'ai désormais trop entamées pour les abandonner en chemin. Finalement, mon impression à la sortie des examens n'a pas vraiment reflété les résultats obtenus et à la réception de mes notes j'ai eu une plutôt bonne surprise. Pour valider l'année, je dois rédiger un mémoire. 100 pages en un mois, cela ne va pas être évident ! J'essaie de mettre la touche finale sur le plan pour vraiment commencer le travail de rédaction. Mais j'ai du mal à tout bien placer et là encore les idées fusent dans tous les sens. Je prends des notes, barre, rectifie, efface, recommence. Word est mon allié en retouches. Je copie-colle, je surligne en jaune, je souligne, je mets en gras. Mon projet de mémoire grossit à vue d'oeil et prend des couleurs. Ma clé USB devient, quant à elle, mon inséparable amie. Elle m'accompagne partout et, au boulot, entre deux réunions, je la sors pour noter dans mes fichiers une nouvelle idée avant de l'oublier.

Mes journées durent deux jours pleins et, le soir, lorsque je me couche, O. est déjà dans le lit depuis un bon moment. Il dort, ou fait semblant. A dire vrai, il fait un peu la tête. Il est trop tard pour un câlin. Parfois, à demi endormi, il me susurre : C'est quand que t'arrête de travailler ? Je soupire. Les vacances, c'est pas encore au programme.

P.S. : Je n'ai pas le temps d'écrire tout ce que je voudrais écrire. Alors tant pis, jouons la récup'. J'ai reçu enfin aujourd'hui le dernier numéro de La Faute à Rousseau, pour laquelle j'avais écrit un petit article il y a déjà un moment. Je vous invite à acheter cette intéressante revue si vous vous intéressez à l'écriture intime sur Internet et aux blogs. En attendant, si vous êtes curieux, voici ici mon article (que j'ai agrémenté de quelques liens). Ça s'appelle "Je ne blogue pas, merci." A l'occasion, si j'ai le temps, j'expliquerai peut-être pourquoi, selon moi, je ne me contredis pas en argumentant que je ne veux pas bloguer d'une part, et en tenant le blog Regards extérieurs d'autre part.

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