Samedi 19 novembre 2011

In and out

Voilà, on y est. 9 mois à l'intérieur, 9 mois à l'extérieur. 18 mois que tout ça a commencé.

9 mois inside. Les échographies en noir et blanc, la petite tache blanche sur fond gris "mais si, si, je t'assure, c'est un bébé, ça !" Les petites vagues sous la peau du ventre et le gros poisson qui tourne en rond. Les soirées effondrée sur le canapé, emmitouflée dans la couverture de patchwork japonais cousue main. Les samedis soirs dans les embouteillages, de retour de chez L*roy-M*rlin ou de chez un magasin de bébé. Le choix du papier peint (celui avec les chats ou celui avec les oiseaux ?) L'hiver enneigé qui n'en finit pas. Les cours du gym du mardi midi, comme une longue respiration empreinte de fierté avec le gros bidon qui, de semaine en semaine, pointe toujours un peu plus. Ses mains sur mon ventre, avec dans le creux de son doigt son alliance qui brille "tu l'as sentie, là ? là, à droite ?" Le montage du lit, celui de la poussette et puis le siège-bébé, enfermé dans un grand carton. Et puis surtout surtout, une grand joie qui grandit sous mon nombril et qui n'en finit pas de m'envahir. Voilà, c'est ça : 9 mois dans la joie, c'est le souvenir que j'en ai, 9 mois après.

9 mois outside. La petite main que je serre dans ma main et O. qui murmure, dans la salle d'accouchement, "ne serre pas trop, tu vas l'écraser !" Le visage rougeaud dans le lit transparent. Mon papa penché sur la petite chose chevelue et qui répète, incrédule, "elle n'a pas même 24 heures, tu te rends compte ?" Et puis la fatigue, immense, incommensurable. Le corps endolori, les jours et les nuits qui se mélangent, emportés par une tornade qui souffle tout sur son passage. Les longues siestes contre ma poitrine, le petit corps chaud qui sent le lait, la respiration régulière qui apaise et rend soudain si serein. Et puis l'hôpital-paquebot, trop long voyage au creux des vagues, qui menace de faire chavirer tout le monde. Mais enfin bientôt des sourires sur le petit visage dont les traits deviennent chaque jour un peu plus fins, toujours plus féminins. Les petites mains qui attrapent tout, le dos qui se redresse, les yeux qui regardent et savent désormais observer avec le désir de tout découvrir. Le nouveau-né devient une fillette. Et moi je suis chaque jour un peu plus une maman. Les pleurs et les repas saccadés, le lait qui est mal digéré et les longues après-midi d'attente chez le pédiatre "que faut-il faire docteur, pour qu'elle n'ait plus mal ?" Les tétines, les biberons, le tire-lait, les bavoirs, les jouets en plastique qui font "pouet-pouet" et le papillon lumineux qui répète inlassablement de sa voix métallique "coucou bébé" : l'envahissement des objets. Et puis aussi son premier voyage en avion, en métro, en bateau. Sa première purée de carottes. Sa première journée sans sa maman. Sa première dent. Et, au milieu de tout ça, mes certitudes, comme si, pour la première fois de ma vie, je portais en moi une assurance qui m'avait été jusque là inconnue : je suis, j'existe.

9 mois à l'intérieur, 9 mois à l'extérieur.

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